Comme chaque année, plusieurs événements sont propices à cette pratique : Photographier les feux d'artifice. Il s'agit de photographies plutôt complexes à réaliser, mais avec les conseils de cet article, vous devriez vous y retrouver et réussir à produire de très beaux clichés !
Comme souvent, je vais essayer de vous proposer quelque chose de complet, sans simplement vous donner une marche à suivre que vous ne comprenez pas, ou quelques astuces utiles. J’ai décidé de bien développer le sujet pour que vous puissiez ensuite être indépendants et vous adapter si besoin.
Mon but n’est donc pas de faire le travail à votre place, 😉 mais de vous donner toutes les clés pour réussir.
Il faut comprendre pour photographier les feux d'artifice : ce n’est pas un sujet fixe
Ça paraît évident dans le titre, mais ça va un peu plus loin que de dire « un feu d’artifice, ça bouge mdr » (Vous trouverez ici un savoir immense que je vous offre. 😏).
À savoir qu'un feu d'artifice ça disparaît ! Le fait que ce soit un sujet mobile est important, mais ce qui l’est sans doute plus encore pour bien comprendre toute la suite, c’est qu’il ne reste pas en l’air indéfiniment.
Alors pourquoi je vous dis ça ? Et bien parce que du coup, les règles utilisées habituellement pour la vitesse d’obturation sont un peu chamboulées.
D’habitude, si vous photographiez un sujet pendant disons ½ seconde, l’appareil va enregistrer la lumière qui provient de ce sujet pendant toute la demi-seconde. S’il est mobile, il va enregistrer le mouvement et vous allez donc voir des traînées apparaître. C’est de la pose longue classique. Ceci est encore valable pour les feux d’artifice (j’y reviens plus précisément après.)
Votre sujet n’a pas de pouvoirs magiques. Mais un feu d’artifice, si ! C’est-à-dire qu’il peut disparaître pendant le temps que l’appareil prend la photo. Et là, c’est un cas un peu particulier.
Le cas particulier des sujets capables de
" téléportation "
Imaginez que vous preniez une photo d'un magicien, accompagné de son assistante, devant un joli fond de studio complètement noir.
Vous choisissez un temps de pose de 1/50 par exemple (faisons simple.) Pendant toute la durée de la photo, l'assistante reste là. Le magicien, farceur, décide de ne rester là que la moitié du temps (1/100), et de disparaître pendant l’autre moitié de la photo. Oui, il aime bien effrayer les gens. 😏
Et bien l'assistante sera exposé normalement, mais le magicien n’ayant été présent que durant la moitié de la prise de vue, il aura renvoyé 2 fois moins de lumière, et sera donc plus sombre. En fait, il sera à moitié transparent, mais comme le fond est noir et n’aura renvoyé aucune lumière, ça donne cette impression de plus sombre.
Notez que si la photo dure 1/10 et que le magicien décide là aussi de rester seulement 1/100, il sera tout aussi sombre sur l’image : seule la durée pendant laquelle il est présent compte, la vitesse d’obturation n’a plus d’effet sur son exposition.
Et bien pour le feu d’artifice, c’est pareil !
En gros, si vous faites une pose de 10 secondes, et que le bouquet dure 5 secondes, et bien le bouquet sera exposé comme si la pose n’avait été que de 5 secondes (admettons un ciel noir en fond). Autrement dit, vous pouvez plus ou moins utiliser la vitesse d’obturation que vous souhaitez, en fonction de la durée des bouquets !
J’en rajoute une couche volontairement, car c’est vraiment utile de bien comprendre ça.
Pourquoi utiliser une pose longue ?
Vous pourriez vous demander ce qui me pousse à parler de pose longue. Après tout, on doit bien pouvoir les saisir avec une vitesse rapide, non ?
Et bien pas du tout. En fait, si vous voyez les feux de cette façon, en bouquets, c’est grâce à un truc génial qui s’appelle la persistance rétinienne. Sous ce nom compliqué qui doit vous rappeler vos cours de biologie (ou pas), se cache un phénomène que vous connaissez tous : regardez directement une forte source de lumière pendant 2 secondes, genre une lampe (non, pas le soleil, il ne faut pas abuser 😏). Fermez les yeux. Vous allez voir un point lumineux de la forme de la source.
Et bien notre œil fait ça tout le temps. Y compris pour les feux. Votre appareil, par contre, ne se base que sur la vitesse d’obturation. Donc pour avoir le joli effet de bouquet et non pas simplement un tas de points lumineux qui ne ressemblent à rien, il vous faudra donc utiliser une pose longue : il est inutile de vouloir « saisir » le feu d’artifice dans l’instant, ça ne fonctionnera pas du tout.
Prenez une vidéo si vous voulez, mais en photo, laissez tomber le smartphone !
En fait, c'est un peu comme du Light painting… Oui, il faut vraiment que je fasse un article sur ça !
La préparation et le matériel nécessaire
Je ne vais pas la faire longue, mais c’est indispensable d’en parler dans ce domaine. Vous aurez donc besoin :
D’un appareil capable de faire des poses longues, ce qui est le cas la plupart du temps. L’idéal reste un reflex, ou en tout cas un appareil qui possède le mode Bulb (ou B), qui permet de choisir son temps de pose en maintenant le déclencheur. Ce mode est en général accessible soit directement par la molette des modes, ou alors en priorité à la vitesse, en ralentissant au-delà de 30 secondes.
Vous pouvez également travailler avec un compact, en mode nuit ou feu d’artifice si disponible.
Dans le cas d’un appareil à objectifs interchangeables, prenez un grand-angle (le 18-55 mm du kit convient), voire un ultra grand-angle si vous devez travailler assez près du feu d’artifice. Plus loin, c’est mieux (on en reparle plus tard), mais si vous devez travailler tout près, un 10-20 sur APS-C ou 16-35 mm sur Full Frame fera l’affaire.
Un trépied, absolument indispensable et non-négociable dans cette situation. C'est pour la pose longue.
Dans la mesure du possible, une télécommande. Vu le prix (10, 15 € environ), ce serait dommage de s’en passer…
Choisissez bien votre endroit
Pensez également à bien choisir votre localisation : à quoi sert de bien se préparer si c’est pour avoir des têtes devant vous, franchement ?
Et puis en général, c'est comme pour tout en photo, afin d'avoir une bonne composition agréable à regarder, c'est toujours bien de se choisir un endroit cool.
L’idéal, c’est de trouver un endroit dégagé un peu éloigné et peut être même, en hauteur, qui permette de bien tout saisir, en évitant les éléments gênants. Ce qui n’est pas toujours évident, je sais bien. Si le lieu est joli, c’est un plus, mais tout le monde n’habite pas à Londres, New York ou tout autre grandes villes qui, j'image, font des feux d'artifice incroyables !
Donc ça, c’est dans l’idéal, après en réalité ce ne sera pas toujours si évident. Je vous conseille de faire un petit repérage la veille, histoire de connaître d’avance le spot parfait. Pensez tout de même que le lendemain, il y aura beaucoup plus de monde ! (Et d’autres photographes sans doute, auxquels vous pourrez donner l’adresse du blog FEELFOREST ! Ah non, ce n'est pas un conseil ça… C'est un ordre 😈.)
S'il y a parfois des gens devant, de l'eau, des bateaux, etc. Franchement, ça peut très bien rendre !
Les réglages à utiliser
Faisons simple, et commençons par les réglages à adopter à la base. On revient juste après sur la manière de s’adapter.
La mise au point
Comme il va être complexe, voire même impossible, de faire la mise au point sur les feux à chaque fois, il va falloir ruser. Il y a 2 méthodes simples qui se valent l’une et l’autre :
Passer en mise au point manuelle (bouton MF sur l’objectif en général, sinon regardez votre manuel), et faire la mise au point sur l’infini (regardez dans le viseur, et tournez la bague à fond dans le sens où les objets éloignés deviennent plus nets.)
Faire la mise au point automatique sur un objet très éloigné (en appuyant à mi-course sur le déclencheur), puis passer en MF et ne plus y toucher. Sinon, à chaque fois que vous voudrez déclencher de nouveau, l'appareil fera la mise au point, encore, et encore… Et encore jusqu'à plus soif. 😈
Passez en mode Manuel
Ici, je vais vous conseiller de passer en manuel (mode M). En effet, la mesure d’exposition automatique ne va rien y comprendre du tout, et ne pourra de toute façon pas mesurer la lumière du feu avant qu’il ne soit tiré. Donc là, on va reprendre la main de manière complète, c'est mieux pour ce type de prise de vue croyez-moi.
La sensibilité ISO
On va faire une pose longue, donc on aura largement assez de lumière. Du coup, on va mettre les ISO au minimum ou genre à 160, 200 ISO quoi, ça devrait suffire.
L’ouverture
On va utiliser une ouverture assez faible pour maximiser le temps de pose sans surexposer, et en profiter pour gagner un peu en profondeur de champ. En général, on se place entre F/8 et F/16. Commencez par exemple à F/11, on verra après comment ajuster le cas échéant.
En fait, si je peux vous donner un petit conseil : (je viens d'y penser.) Pour vous entraîner et surtout commencer à appliquer ces conseils et à peaufiner vos prises de vue, entraînez vous au début d'un feu d'artifice. Généralement, ils tirent quelques fusées en l'air donc profiter de ce moment pour faire des essais et ajuster les réglages.
Bon, pendant le bouquet final, il y a de fortes chances qu'il y est une plus forte luminosité, mais au moins, vous serez un peu comment faire et il faudra ajuster les réglages pour ça.
La vitesse d’obturation (= temps de pose)
C’est le réglage le plus important ici.
Si vous avez une télécommande et le mode Bulb, c’est le plus simple : vous appuyez dès le début du tir, et vous relâchez à la fin.
Petit rappel : le mode bulb, c'est un mode de prise de vue "pose longue" vous appuyer pour commencer la prise de vue, et appuyer de nouveau pour l'arrêter. Il sert à faire un temps de pose de la durée qu'on souhaite. Sans lui, on n'est limité aux réglages que l'appareil propose : genre 1 seconde, 2, 5, 10, 30, etc. Avec ce mode, on peut même dépasser la limite et faire des poses de plus de 30 secondes par exemple.
Si ce n’est pas le cas, c’est un peu plus compliqué (sans mode bulb) : vous allez utiliser un temps de pose de 2 à 10 secondes en général, en essayant d’anticiper un peu. N’oubliez pas, la durée d’exposition du feu d’artifice lui-même ne dépend pas trop de la vitesse d’obturation, mais de la durée du feu lui-même. Donc si vous exposez plus longtemps, vous allez pouvoir capturer plusieurs salves, qui ne seront pas pour autant surexposées. Ça, c'est top !
Par contre, l’arrière-plan pourrait être surexposé si vous exposez trop longtemps (surtout si le soleil est à peine couché). Petite technique avancée pour photographier plusieurs bouquets sur la même image tout en évitant ça : placer un carton noir devant l’objectif entre les bouquets.
Je prends l'exemple d'un 14 juillet : normalement, les feux sont tirés… En juillet donc 🤡 et vers 23 h, il me semble. Donc il fait nuit, ça limite les problèmes.
Et évidemment, coupez le flash. Il est trop petit et trop loin pour éclairer quoi que ce soit, et de toute façon, on ne peut pas éclairer une source de lumière, forcément.
La prise de vue concrètement
Les réglages que je viens de donner devraient donner un premier résultat pas mal, mais il faudra sans doute ajuster un peu, en y allant à tâtons. Commencez donc par prendre quelques clichés, disons 3 ou 5, en déclenchant au début d’une salve et relâchant à la fin.
Ensuite, vous allez vérifier que tout va bien :
La mise au point : que les bouquets soient bien nets. Normalement pas de souci, mais ça vaut le coup de vérifier en zoomant sur l’image sur votre écran. Corrigez le cas échéant.
Le rendu des bouquets du feu d’artifice : sont-ils bien étalés, ont-ils bien la forme voulue ? Si vous êtes en Bulb, pas de souci, sinon adaptez votre temps de pose en conséquence, rallongez-le si vous n’en voyez pas assez, raccourcisse-le si vous en voyez trop et que ça fait brouillon.
L’exposition des feux : ne sont-ils pas trop clairs ou au contraire trop sombres ? Ici, il faut utiliser l’histogramme pour évaluer, comme toujours. Si c’est surexposé, fermez un peu le diaphragme (passez de F/11 à F/16 par exemple), et si c’est sous-exposé, à l’inverse, ouvrez le diaphragme (passez de F/11 à F/8.) Vous ne devriez pas avoir à toucher aux ISO.
N’oubliez pas que le début peut être plus lumineux que la suite, donc revérifiez 3 minutes plus tard que vous n’êtes pas finalement sous-exposé. Idem pour le bouquet final, qui peut être plus lumineux, et donc vous conduire à fermer un peu plus le diaphragme.
N’hésitez pas à non plus à changer de focale (zoomer ou dézoomer), voire changer d’endroit, histoire de varier les points de vue.
Après je sais, un feu d'artifice ne dure pas 3 heures. Si vous avez besoin d'un temps d'adaptation pour comprendre tous les réglages, ne bougez pas.
Le mieux est quand même de s'entraîner un peu quitte à l'avenir, faire d'autres prises de vues de ce type en variant la composition, focales, etc.
Résumé – photographier un feu d’artifice
Pour faire court, voici mes 13 conseils pour photographier un feu d’artifice :
Choisissez un appareil capable de faire des photos en poses longues. (mode Bulb si disponible)
Utilisez un objectif plutôt grand-angle pour pouvoir saisir toute la gerbe du feu d’artifice.
Placez l’appareil sur un trépied : indispensable pendant le feu d’artifice !
Utilisez une télécommande, plus pratique pour déclencher sans faire bouger l’appareil.
Faites un repérage la veille du feu d’artifice et arrivez plus tôt le jour J pour bien vous placer.
Choisissez bien votre endroit pour photographier : un lieu dégagé pour éviter les têtes devant vous qui bouchent la vue, si possible une chouille en hauteur.
Réglez votre appareil photo en mode manuel.
Faites la mise au point sur un objet lointain ou juste avant l’infini puis fixez-la en passant en mise au point manuelle.
Réglez la sensibilité ISO au minimum.
Fixez l’ouverture vers F/11.
Utilisez une pose longue en mode Bulb, pour avoir des bouquets de feu d’artifice sur la photo. (4 à 10 secondes, ça dépend)
Si la photo est trop lumineuse, fermez le diaphragme à F/16. Plus qu'F/16 vous aurez peut-être de la diffraction de l'objectif… À voir donc.
Si la photo est trop sombre, ouvrez le diaphragme à F/8 ou moins. Ou à la limite passe les ISO à 160, 200.
Comme vous l’avez compris, faire des photos de feu d’artifice nécessite d’être à l’aise sur les réglages de l’appareil.
Et voilà pour cet article, normalement vous devriez vous en sortir comme ça ! Ce n’est pas si compliqué, à partir du moment où on connaît un peu la technique et avec un peu de pratique. 😉 Et vous, vous allez photographier le feu d’artifice cette année ? Dites-le-moi en commentaire et posez vos questions, si vous en avez !
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